Depuis l’Antiquité jusqu’au XXe siècle, on exploita l’abondante énergie des ruisseaux et des rivières pour actionner les roues à palettes, à aubes afin de produire la force mécanique nécessaire pour actionner les moulins, les scieries, les tanneries, les huileries et les forges. Dans presque tous les villages tournent des roues entraînant des moulins à grains, des scieries pour le bois ou la pierre, des battoirs broyant les céréales ou les fruits, des foulons pour le le drap, des meules à aiguiser ou des soufflets de forges.
Vu le manque de rivières sur les hauteurs du Jura, des moulins à vent se substituaient à l’énergie hydraulique.
Les moulins
Au début du XIXe siècle, tous les districts, sauf celui de la Vallée, possédaient des moulins à blé. Celui de Vevey n’en comptait pas moins de 20 en 1806… Il s’agissait souvent de modestes établissements fréquemment exploités en même temps qu’une scierie, une huilerie, un battoir à chanvre ou lin, une forge, un four à pain et un domaine agricole. Tous couvraient des besoins domestiques et locaux. Un filet d’eau, une faible chute d’eau ou un canal suffisait pour actionner leurs roues à palettes, à aubes ou à augets. Ils comportaient d’ordinaire une seule paire de meules rustiques en granit.
La modernisation de leur équipement au cours de la seconde moitié du siècle, plusieurs modestes établissements devinrent de grands moulins de commerce. Ce fut notamment le cas pour :
Aigle : Le Moulin de la Place, transféré à la Ferme des Salines, actionné par le Canal de Monneresse ( canal dérivé du Rhône – Ollon, district d´Aigle ), ne faisant que de la mouture à façon. La plus grande partie des blés arrivaient par La Mouche à Villeneuve. De ce port, des chariots les transportaient au moulin. Les générations de meuniers qui se succédèrent construisirent en 1864 en ville le Moulin-Neuf.
Corcelles-Payerne : L’Arbogne, seul ruisseau de la région dont la force motrice fit mouvoir de nombreux moulins, scieries et battoirs ; ce cours d’eau actionnait deux établissements : tel le moulin de Corcelles dépendant du couvent de Payerne et le Moulin Dessous. Ces deux établissements furent acquis en 1857 aux quatre frères Bossy.
Cossonay : Depuis les temps les plus anciens, la Venoge actionnait deux moulins de la région, l’un dit de l’Islettaz et l’autre dit « le Grand Moulin ». L’existence de cet établissement, auquel était rattaché un battoir à chanvre et un four à pain, est attestée par un abergement de 1494. D’après un plan levé en 1673, le moulin comportait trois roues à aubes. Le « Grand Moulin » fut acquis en 1824 par la famille Narbel qui l’exploita pendant une quarantaine d’années. Outre la minoterie proprement dite, il comprenait une machine à battre le blé, une scierie et une huilerie qui fonctionnèrent près d’une quarantaine d’années.
Toutes ces installations furent reprises en 1865 par Louis Amaudruz, qui reconstruira le moulin de fond en comble et le pourvut de deux turbines, innovation qui commençait à se répandre, et de seize tournants de meules en belle pierre de Champagne, accompagnées de bluteries pour nettoyer la farine.
En 1874, les trois fils de Louis Amaudruz reprirent la succession de leur père sous forme d’association. Le moulin fut raccordé au chemin de fer qui devait jouer un grand rôle dans la prospérité de l’établissement. Enfin, on supprima la machine à battre, la scierie et l’huilerie, annexes gênantes pour une minoterie moderne.
C’est le 1er janvier 1925 que fut créée, par M. Samuel Cuendet et ses fils les « Grands Moulins de Cossonnay SA ».
En 2013, la multinationale agroalimentaire américaine Cargill, reprenait les activités des Grands Moulins de Cossonay. Trois ans plus tard, le moulin est fermé et les activités de meuneries sont transférées à Grand-Marnand dans la Broye. Seul le centre de collectes et les silos seront maintenus.
Plus d’infos
Granges-près-Marnand : L’eau de la Lembaz a fait mouvoir de tout temps de nombreux petits moulins. L’un de ces établissements comportait en plus des meules à blé un battoir, une presse à fruits, une filature, une huilerie et un domaine agricole. Une société foncière racheta ces différents établissements donnant naissance à l’actuel grand moulin de Granges.
Orbe : L’existence d’un moulin situé sur la rive gauche de l’Orbe est connue depuis 1404. A partir de cette époque, il a ravitaillé sans interruption la population du bailliage d’Echallens-Orbe. Au milieu du XVIIIè siècle, avec ses cinq paires de meules et ses longues bluteries, il faisait déjà figure de grand moulin. En face, une scierie et une tannerie utilisaient également la force hydraulique de l’Orbe. Jules Rod ( fils d’un meunier de Serrières (NE) et philanthrope ) créa en 1871 la société Moulin Rod SA ainsi qu’un fonds offrant une aide aux nécessiteux. Un nouveau moulin fut reconstruit en 1902 sur l’autre rive et les cylindres remplacèrent les meules à pierre et des turbines succédèrent aux grandes roues à eau. L’énergie électrique se substitue à la force mécanique en 1922 et en 1942, une centrale électrique remplace la force mécanique avec une turbine de 300 CV. La minoterie cessera ses activités en 1999. Plus d’infos
Rivaz : Si la date de construction du moulin n’est pas connue, son existence est attestée depuis 1420. Le Flon, ou Forestay, sortant du lac de Bret, actionnait ses artifices.
Pompaples : On ignore l’époque à laquelle remonte la construction du Moulin Bornu. Dès 1481, ses artifices étaient mus par un canal de déviation du Nozon.
Yvonand : Ses anciennes installations hydrauliques
Les anciennes industries du Plateau
Au nombre des plus anciennes industries du Plateau vaudois figuraient les dentelles, la tannerie, la papeterie et la meunerie.
L’industrie des Dentelles
Cette industrie des dentelles en fil de lin, en coton, en soie blanche ou noire, avait été introduite vers 1750 à Saint-Croix. Après avoir occupé en 1836 plus du quart de la population, surtout des femmes et des enfants, elle fournissait encore vers 1842 du travail à quelque 600 personnes. Dépendante des fabricants et marchands des montagnes neuchâteloises pour son approvisionnement en matières premières et pour l’écoulement de ses produit, la dentellerie jurassienne avait lié son sort à celui de l’horlogerie.
Depuis le premier quart du siècle, la fabrication mécanique du tulle en Angleterre, la dentellerie fine des Flandres et du Brabant et celle bon marché de Loraine faisait une concurrence de plus en plus forte. Elle déclina rapidement puis disparu.
Les Tanneries
Très dispersées sur tout le territoire du canton, les petites tanneries familiales prospéraient au début du siècle. Elles employaient comme matière tannante soit les écorces de chêne vert ou blanc importées de la Bourgogne ou de la Savoie, soit, de préférence un tannage du sapin d’un prix moins élevé qui donnait un tannage rougeâtre.
Sur les 85 tanneries encore en activité peu après le milieu du siècle, on en comptait à peine 7 ou 8 dont les chefs avaient eu l’énergie de renouveler les procédés et de diversifier leur production. Leurs établissements prospéraient à Lausanne, à Vevey, à Moudon, à Morges, à la Sarraz, à l’Isle et à Nyon. Au premier rang de ces tanneries modèles figurait celle fondée en 1740 à Lausanne par deux réfugiés huguenots, les frères Pierre et Jean Mercier, originaires de Millau, dans l’Aveyron. La tannerie Mercier possédait une succursale à Bologne et elle exportait ses cuirs réputés jusqu’en Amérique. Quatre générations de Mercier se succédèrent jusqu’à Jean-Jacques Mercier (1859-1932).
Histoire de la Tannerie de La Sarraz
Parmi les industries secondaires du cuir, mentionnons encore la ganterie et la chapellerie.
L’industrie du papier
Elle s’est profondément transformée à partir du début du XIX siècle à la suite de notables perfectionnements chimiques et techniques, enfin l’invention de la machine sans fin de Fourdinier pour la fabrication continue du papier. Toutes ces innovations permirent d’augmenter considérablement la production en réduisant les frais, mais la concurrence qui s’en suivit porta le coup de grâce aux antiques battoirs ou moulins à pilons fabriquant exclusivement le papier à la cuve à la Mothe, à Bière, à Saint-Sulpice sur la Venoge.
En 1826, il existait en Suisse 47 papeteries avec 82 cuves. Dont 4 cuves dans le canton de Vaud occupant en moyenne 8 personnes (sans le ramassage des chiffons). En 1828, après la disparition de la plupart des anciens moulins à papier vaudois, M. Lepelletier, d’origine française et son associé Dapples fondèrent à la Sarraz, à la sortie des gorges de Naveyres, une papeterie mécanique avec la première machine à faire le papier, dit papier sans fin ; elle allait révolutionner la papeterie nationale. Ils reprirent « le martinet à faire papier » de Clarens ( près de Nyon ) et s’associèrent avec la papeterie de La Batie ( commune de Versoix ). En 1842, la papeterie de La Sarraz livrait au comme 4’000 quintaux au commerce. Mais après avoir exposé en 1857 à Berne et Paris, elles se virent obligées de suspendre leurs activités. Le bâtiment de La Sarraz fut vendu et la fabrication de couvertures remplaça celle du papier. Cela fut une grande perte pour l’économie vaudoise.
Une seconde machine pour la fabrication continue du papier fut installée en Suisse dans la grande papeterie de la Sihl et la maison Escher Wyss & Cie à Zurich, fondée en 1805, entrepris la construction de ces machines avec plein de succès.
Descriptif du moulin et scierie de Saint-George
Le village de Saint-George, situé à 900 m. d’altitude, sur la route du Marchairuz est une autre bonne illustration de l’utilisation de l’énergie hydraulique. Au fil d’un ruisseau qui coule au sud du village, on rencontre, d’amont en aval, un premier, puis un deuxième étang, deux maisons qui avaient deux usines. Seule l’ancienne machinerie du moulin d’en haut est encore bien préservée.
L’installation actuelle
Le rez-de-chaussée est occupé à l’Ouest par la salle des transmission et à l’Est par l’habitation et une cave. Le premier étage comprend à l’Ouest la salle de travail et le logement à l’Est, une étable étant accolée au bâtiment; le deuxième étage est formé d’une grange, avec la batteuse à blé.
Le moteur
L’installation est actionnée par l’eau retenue dans l’étang alimenté par un ruisseau, le Franchivaux ; d’autres affluents moins importants sont captés dans un premier bassin en amont. L’eau de l’étang est retenue par une vanne, commandée depuis la salle de travail par un câble ; elle se déverse dans une canalisation en planches doublées de feuilles de cuivre, longue de 24 m, et reconstruite en 1893 ; elle amène l’eau au dessus de la roue.
La salle de transmissions
L’axe de la roue hydraulique actionne toutes les machines subsistant aujourd’hui, par l’intermédiaire de poulies et de courroies amovibles, qui constituent également l’embrayage des machines ; celles-ci sont deux scies à cadre, une scie circulaire une batteuse à blé et une meule à aiguiser. (texte et illustrations,à suivre).
source: Archéotech – Lausanne
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