1474 – 1477 Les guerres de Bourgogne

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Charles le Hardi – Vues ambitieuses du duc de Bourgogne – Ruses de Louis XI poussant les Suisses à la guerre – Traité d’alliance avec l’Autriche – Les Bernois s’emparent de Grandson et saccagent le Jura – Ils pénètrent par le Gessenay et les Ormonts jusqu’à Aigle dont ils brûlent le château – La guerre est définitivement déclarée par Berne au comte de Romont – Le comte franchit le Jura à Saint-Cergues, mais ses troupes l’abandonnent à Morges et il retourne en Franche-Comté.

Charles Hardi - Duc de Bourgogne
Charles Hardi – Duc de Bourgogne
Charles-le-Hardi, duc de Bourgogne, dénommé Charles le Téméraire à titre posthume est un prince ambitieux. Non-content d’un duché considérable et poursuivant une politique de conquête, il convoitait l’Alsace et la Lorraine. Mais les compétitions étaient puissantes, Frédéric III, empereur d’Allemagne, désirait mettre la main sur la Bourgogne, en donnant à Charles sa fille Marie en mariage. Pendant ce temps, Louis XI, le fin politique, qui régnait sur la France, attendait le moment propice où les dissensions en Bourgogne, l’hésitation de l’Allemagne et la guerre en Suisse lui permettrait de tirer son épingle du jeu. L’occasion ne tarda pas.
Frédéric échoue dans ses projets matrimoniaux et le duc et l’empereur deviennent ennemis mortels. Les Suisses, les Bernois surtout, travaillés par un agent de Louis XI, Nicolas de Diessbach, concluant avec l’Autriche un traité pour attaquer le Duc. Huit mille Suisses se jettent en Alsace et se joignent aux troupes autrichiennes.
Et, tandis qu’ils guerroient en Alsace, la baronnie de Vaud, laissée sans défense – Jacques, comte de Romont, étant à l’armée du duc de Bourgogne – attirait les regards des Suisses et de Berne en Particulier. La chute de la maison de la Savoie était proche et la conquête du Pays de Vaud par Berne se laissait déjà pressentir. Un corps de Bernois, Soleurois et de Soleurois, au printemps 1475, envahit la Franche-Comté ; un autre ravagea le pays de Neuchâtel, Grandson, et les autres fiefs du baron de Vaud. La ville et le château de Grandson capitulent et les Suisses y mettent une garnison (2 mars 1476).
De Grandson, ils se dirigèrent vers Orbe toujours en pillant et incendiant. Nicolas de Joux, qui défendit le donjon jusqu’à la dernière, eut la tête tranchée par les vainqueurs et le reste de la garnison, vingt-cinq gentilshommes et soixante soldats furent précipité du haut des créneaux. Echallens se soumit, craignant un sort semblable. Jougne fut pris d’assaut et les Confédérés y massacrèrent plus de 300 personnes.
Ces actes belliqueux accomplis, « ils passèrent, dit Gingins, sous les murs d’Yverdon, d’Estavayer, de Payerne et Morat, dont les habitants, terrorisés, s’empressèrent de leur apporter du pain et du vin pour apaiser la fureur d’une soldatesque ivre de sang et gorgée de pillage ».

Berne envahit le Pays d’En-Haut
Mais pendant que le Jura était dévasté, Berne faisant passer un corps de troupe par les Ormonts, sous prétexte de repousser l’invasion lombarde. Deux cents italiens étaient logés dans le Bourg d’Aigle. A l’approche des bandes bernoises, en pleine nuit, ils s’enfuirent vers le château où le sire de Torracs, vidôme d’Aigle pour le duc de Savoie les accueillit. Ce seigneur profita des pourparlers engagés avec les Bernois pour faire nuitamment échapper les fugitifs, mesure qui exaspéra les bandes montagnardes. Furieux d’avoir étés trompés, ces hommes massacrèrent la population du château, le pillèrent et l’incendièrent.
Malgré ce succès, les troupes italiennes continuaient de traverser le Saint-Bernard et le Pays de Vaud pour joindre les Bourguignons. Cet état de choses engagea Berne à conclure avec le Valais un traité sur les bases suivantes : Aide mutuelle en cas de guerre, et autorisation réciproque d’enrôlement. En cas de guerre de la ville de Berne contre la maison de Savoie, promesse du Valais de soutenir, par les armes, les droits de la ville de Berne.
Cette dernière clause avait son importance, étant donné les intentions ambitieuses du patriciat bernois. Sur ces entrefaites, les habitants d’Aigle, d’Ollon, de Bex, des Ormonts se révoltèrent contre la domination savoyarde. Les montagnards Ormonans rasèrent le château d’Aigrement. La conquête du Pays de Vaud était donc commencée et l’énergie bernoise ne devait pas laisser très longtemps une pareille besogne sans la mener à fin. Cependant, ces expéditions étaient loin d’être correctes. Aucune déclaration de guerre officielle n’avait été faite au comte de Romont, baron de Vaud. Ce n’est que le 14 octobre 1475 que le Conseil des Deux-Cents envoya un défi belliqueux au comte de Romont, alors en Franche-Comté. Et, pour ne pas perdre de temps, les Suisses – Berne et Fribourg – s’emparèrent de Morat et de Payerne. Alors recommence les scènes de pillage qui désolent le pays. Estavayer, Moudon, La Sarraz, Yverdon, Sainte-Croix doivent capituler devant le bourreau de Berne.


Forteresse des Clées
Forteresse des Clées
Forteresse des Clees, défendue par Pierre de Cossonay, fut pris d’assaut et les vaincus ont la tête tranchée. De même à Jougne,  Sainte-Croix et à la Sarraz. Jacques de Romont tente alors de reconquérir le territoire perdu. Il appelle aux armes quinze cents hommes des châtellenies de la Côte ainsi que six cents Genevois et les attend à Morges. Mais à l’approche des Suisses, fortement armés et avec une artillerie formidables, les troupes de Jacques de Romont se dispersent, s’enfuient et le comte se réfugie en Franche-Comté.
Genève attirait les Suisses, mais les chefs des Confédérés se laissèrent corrompre par l’or des Genevois et grâce à une rançon de vingt-huit mille écus d’or à payer à Berne et à Fribourg, la vaillante cité fut épargnée. Lausanne échappa au pillage en payant une forte somme aux Suisses. Les quatre paroisses de Lavaux prêtèrent serment de fidélité aux vainqueurs. Après cette expédition, les troupes confédérées rentrèrent dans leurs cantons, traînant après elle un butin considérable.

Berne était donc vainqueur. La conquête du Pays de Vaud était presque un fait accompli, mais elle ne devait être absolue que soixante ans plus tard. Ces expéditions étaient comme la semence qui, au siècle suivant, devait germer et donner pendant deux cent quarante-deux ans de si superbes moissons à Leurs Excellences.

Au printemps 1475, les Haut-Valaisans, appuyés par les Bernois envahissent le Bas-Valais, fief des Savoyards.

1474 – les Suisses attaquent le Duc de Bourgogne en Alsace – 1476 –  Charles le Téméraire est battu à Morat.
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