Chute de l’empire romain – Invasions des Alémans et Burgondes – Etablissement des Burgondes en Helvétie romande – exploitation collective du sol – Partage des impôts – Gondioch : premier roi des Burgondes en Helvétie – Gondebaud – Conquête de l’Helvétie par les Francs – Organisation politique et administrative : loi Gombette – Gontran, roi de Bourgogne transjurane – Pagus ultraranus – Pagus Valdensis – Pays de Vaud
En 476, l’Empire romain disparaît définitivement en Occident, pour ne survivre qu’en Orient.
Les Burgondes étaient chrétiens. On les regardait comme les plus doux des barbares. Ils ne prirent pas toutes les terres pour eux ; ils les partagèrent avec les anciens propriétaires. Peu à peu il se mêlèrent aux anciens habitants et ne formèrent plus avec eux qu’un seul peuple. C’est du mot Burgonde qu’est devenu le nom de Bourgogne. Les Burgondes plus accessibles à la culture que les Alémans se laissant gagner par la civilisation supérieure des Romains, adoptèrent leur langue, le latin, et prirent leurs lois pour modèles ; au bout de peu de génération la romanisation des Burgondes fut complète.
Loi Gombette
Dans un même pays, chaque individu vivait sous sa loi nationale d’origine ; la loi Gombette pour les Burgondes et la loi romano-burgonde applicable à la population gallo-romaine. Elle contient 254 articles de droit civil, de procédure civile ou criminelle et de droit pénal. Elle place sur le même pied les Romains et les Bourguignons et on doit la considérer comme la source de tout notre droit écrit. La colonisation burgonde détermina forcément certaines transformations agraires; après avoir démembré les plus grands domaines fonciers romains, les nouveaux venus introduisirent l’exploitation collective du sol. Il n’y a pas de partage de terres, mais partage des impôts. Les Burgondes reçoivent les deux tiers de l’impôt foncier et un tiers de la capitation, impôt sur les esclaves.
Royaume de Bourgogne
Gondioch fut le premier roi des Burgondes en Helvétie avec Genève comme résidence ; mort vers 470 et Gondebaud lui succéda. Celui-ci fit tuer ses deux frères et sa soeur pour être seul maître du royaume. Cruel, sans doute, mais fort intelligent. Il rendit à l’Helvétie de réels services administratifs ; il s’entoura de savants romains, il rétablit des écoles d’où sortirent des théologiens illustres, des médecins. Lui-même étudia et prisa les lettres ; il s’occupa des questions religieuses et étudia la législation romaine. A la mort de Gondebaud, en 516, son fils Sigismond lui remplaça. Élevé dans les idées progressistes du père, il laissait espérer que son règne serait prospère, mais en 523, les Francs envahirent la Bourgogne et après neuf ans de lutte, Sigismond, vaincu et fait prisonnier avec sa femme et ses enfants, fut conduit à Orléans et mis à mort.
De multiples batailles eurent lieu entre les armées des Francs et burgondes, mais cette dernière fut vaincue à Autun en 532 ; c’en était fait de l’indépendance de la Burgondie. Désormais, ses destinées allaient être liées pour trois siècles aux vicissitudes de la royauté franque.
Le peuple burgonde s’est bien enraciné dans notre sol, et la proportion assez forte de ses éléments dans l’alliance Helvéto-Romains a déterminé définitivement la physionomie raciale de notre population et nous a constitués ethniquement tels que nous sommes aujourd’hui. La plupart des localités vaudoises et fribourgeoises au nom terminé en –ens, enges, ins ou –inge tirent leur origine d’un ancien domaine rural burgonde. Au total, une septantaine de villages vaudois doivent leur nom aux Burgondes. Plus d’une trentaine de cimetières burgondes ont étés mis au jour dans notre pays.
Les rois francs vainqueurs se partagent en 532 la Burgondie. L’ancienne Helvétie romaine, soit le pays s’étendant du Léman à la Reus, fut rattachée au royaume franc d’Austrasie, dont Metz était la capitale. Mais un nouveau partage intervint en 561 entre les princes francs. Notre pays, détaché de l’Austrasie, devint partie constitutive d’un nouvel Etat, le royaume franc de Burgondie, ou royaume d’Orléans. L’Alémanie, elle, resta unie à l’Austrasie et qui facilita sa germanisation.
Le nouveau royaume de Burgondie n’a guère de commun avec le premier nom. Dans le royaume franc, ce pays faisait figure de province lointaine, perdue par-delà le Jura, bien loin d’Orléans, la capitale. Malgré tout, sa position avancée, aux confins de l’Alémanie, et le réseau de voies de communications héritées de Rome qui le sillonnait, lui donnait une certaine importance militaire et économique. Aussi l’administration franque qui l’appelait Pagus ultrajoranus (Pays d’outre-Jura ou province Transjurane).
L’ère des invasions barbares n’était point terminée. En 574, Taudfrid, patrice de l’Helvétie, repousse près de Bex, une armée envahissante des Lombards.
Les Alémans, toujours remuants et en quête de destruction et de pillage attaquent la Transjurane et les troupes burgondes furent battues à env. 611 à Wangas (Wangen sur l’Aar). Le pays transjuran fut abominablement ravagé, un certain nombre d’habitants furent emmenés captifs au même titre que le bétail et le butin matériel. Avenches fut de nouveau détruite; ce fut pour elle le coup mortel. Ce raid destructeur n’est qu’un épisode de la lente et continuelle poussée des Alémans encore sauvages et païens, contre les paisibles Burgondes latinisés et christianisés.
Au sixième siècle, les tribus alémaniques n’occupaient du territoire suisse actuel que les régions de Schaffhouse, de Thurgovie et de Zürich ; le reste du pays était encore burgonde ou rétique, donc de langue et de civilisation romanes. Les Alémans s’infiltrent graduellement dans les terres qui séparent la Reuss de l’Aar et dans la région de Thoune. Le roi franc, qui règne à Orléans, est trop éloigné pour se préoccuper du danger d’absorption alémanique qui menace notre région, qu’il ne connait peut-être même pas !
Le duché de Transjurane ou grand Pagus ultrajoranus, fut divisé en cantons – pagi / pagus– ou gouvernements :
Canton | Districts | |
Pagus Valdensis | Pays de Vaud | Yverdon, Lausanne, Venoge |
Pagus Aventicensis | Pays du Vully | Avenches, Morat |
Vallis Neurolensis | Pays de Nugerol | Neuchâtel, Bienne, Soleure |
Pagus Uchtlandioe | Pays du Levant | Royaume des Bourguignons |
Pagus in Ogo | Pays de Fribourg | |
Pagus caput Lacensins | Tête du Lac | Chablais |
Pagus Vallensis | Valais | Sion |
Pagus Equestricus | Pays de Nyon et de Gex | |
Pagus genavensis | Le Genevois | Haute-Savoie, Annecy (Pays des Allobroges) |
Au huitième siècle, le Pagus Aventicensis est démembré et le territoire entre l’Aubonne et la Sarine, et du Léman au Lac d’Yverdon est désigné sous le nom définitif de notre pays :
« PAGUS WALDENSIS, le PAYS DE VAUD ». C’est dans un document de l’an 765 que le nom de notre Patrie vaudoise apparaît la première fois dans l’histoire. Qu’elle en est l’origine et quelle est sa signification ? Il ne fait aucun doute qu’elle est d’une consonance germanique Wald signifie forêt, région boisée. Pagus Waldensis
Après que le nom Pagus Waldensis se fut imposé, une autre expression pour le Pays de Lausanne – Pagus Lausannensis – est attribuée aux possessions de l’évêque de Lausanne. La Lousanna romaine de Vidy est abandonnée pour se réfugier sur la colline de la Cité ; un castrum (lieu fortifié) occupait l’emplacement actuel de la Cathédrale. La seconde Lausanne, qui s’est formée au cours des cinquième et sixième siècle, devint la plus importance localité du pays, Avenches étant définitivement ruinée.
Dix leçons sur les HelvètesPar G. KaenelRevue scientifique de L'Université de Genève De la naissance à la chute de l'empire romain Histoire à la CarteColonia lulia Equestris
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