Eclairage électrique à Lausanne

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La présence dans la capitale vaudoise d’une école technique a joué un rôle important dans la diffusion des idées nouvelles et en 1870, un cercle d’ingénieurs est motivé par l’idée d’introduire l’éclairage électrique à Lausanne.

Les premières tentatives d’utilisation d’un arc voltaïque se monteraient au Tir fédéral de 1876. Ces essais relevaient d’avantage d’un tour de passe-passe que de techniques rodées ; les génératrices avaient un rendement irrégulier, allant d’un éclair qui éblouissait les spectateurs pendant quelques secondes avant de replonger dans l’obscurité ! Les pionniers Cauderay, l’ingénieur français Léon Raoux et Jules Duvillard installèrent en janvier 1881 un éclairage provisoire sur la place de la Riponne à l’occasion d’un cortège de bienfaisance.

Le succès de l’exposition internationale sur l’électricité de Paris en 1881  renforce ces ingénieurs dans leur conviction. En novembre de la même année, ils fondent la Société Vaudoise de l’Electricité sous la présidence de l’ingénieur Léon Raoux. La nouvelle société s’attache d’obtenir l’autorisation de placer des lignes électriques sur le domaine public. Mais les autorités ne sont pas pressées à répondre, malgré une démonstration d’éclairage par incandescence à l’hôtel de l’Ours.
Mais la SVR, avant même d’avoir un accord officiel, aménagea une usine électrique avec un dynamo d’une puissance de 20 cv à la Rue Centrale 2, mise en mouvement par la force hydraulique des eaux du Lac de Bret. Elle fonctionna dès le 22 avril 1882 pour alimenter une vingtaine de lampes Swan installées à la brasserie Leysinger, rue St-François. Ce café particulièrement à la mode attirait un large public qui venait régulièrement troubler son absinthe à la petite fontaine centrale de la brasserie ! La société s’offrit une publicité percutante avec deux lampes placées sous l’eau, ce qui était impossible avec d’autres moyens d’éclairage.
L’opération est une réussite et la Municipalité accorde, à titre provisoire, une concession d’éclairage à Léon Raoux.

Des fils électriques ont pu être placés sous la place St-Français et l’éclairage du Bazar vaudois et de l’horlogerie Aubert furent autorisés provisoirement. Le soir du 4 mai, un attroupement se créa devant la vitrine Aubert pour admirer l’éclairage. La SVE, encouragée par ces succès, relia sa centrale à la Gare du Flon qui inaugura ses ampoules.
En septembre 1882, la SSE obtint l’autorisation générale de poser des fils conducteurs dans toute la ville.
La ville de Lausanne est en 1895 la ville de Suisse avec seulement 7.2 lampes à incandescence pour 100 habitants alors que Genève en a 34,8 lampes pour 100 habitants et Vevey-Montreux 89,9 lampes !

L’attitude de la Municipalité est prudente et se décharge d’une éventuelle action juridique de la Compagnie du gaz. En effet, la Municipalité avait octroyé le monopole de l’éclairage public à la compagnie du gaz jusqu’à la fin 1895 et la population se montrait réticente à l’idée d’installer ce type d’éclairage dans les foyers. L’éclairage au gaz à Lausanne y est installé depuis 1848.

Fondation de la Société Suisse d’Electricité

L’association de la Société Suisse d’Electricité SSE se transforma en SA avec un nouveau conseil d’administration et de nouveaux capitaux ont été apportés. La volonté d’investissement fut une réalité à Lausanne. Les financiers ne boudèrent pas la SSE, encouragés par les débouchés dans le marché de l’hôtellerie (Lausanne était visitée par de nombreux touristes anglais) et la perspective de l’éclairage de l’Hôpital cantonal, dont l’électrification avait été envisagée en janvier 1882 par le Conseil d’Etat, à cause de la sécurité que ce type de lumière offrait.

Malgré ces réticences, la société pionnière devient la Société Suisse d’Electricité et installe en 1883 une deuxième centrale pour l’éclairage de l’hôpital cantonal. Les machines placées sur la route de Couvaloup alimentent les 230 lampes du complexe hospitalier.

Dynamo  Gramme

L’électricité est produite par deux machines dynamoélectriques, placées dans un petit bâtiment à Couvaloup, et actionnées par deux turbines de 20 chevaux. Un des concepteurs est Jules Cauderay qui est fournisseur d’appareils électriques.

L’implantation du nouveau type de lumière se fit laborieusement à Lausanne. La centrale n’alimenta à ses débuts qu’un groupe restreint d’établissements privés, d’hôtels, de cafés et boutiques à cause du monopole de la compagnie du gaz comme dans les  les autres villes de Suisse.

La technologie électrique est encore trop incertaine pour rencontrer un accueil unanime favorable, la qualité était toute relative car le débit du courant subissait d’énormes variations, la lumière dispensée par les lampes électriques était vacillante et son intensité peu agréable. Le prix de la lumière était nettement supérieur à toutes les autres sources d’éclairage.

l’introduction de l’éclairage électrique dans l’arc lémanique (1881-1891)

Dans toutes les villes de Suisse, après le temps des premières expériences dispersées, réalisées par des privés, succède l’époque des stations centrales implantées par les municipalités. Les municipalités genevoises, bernoises et zurichoises ont déjà expérimenté un savoir-faire hydromécanique lors de la construction de leurs usines hydrauliques dans les années 1870-1890. Au contraire de Genève, Berne ou Zurich, Lausanne ne possède pas sur son territoire, de cours d’eau au débit suffisamment puissant.
La municipalité de Genève construit l’usine au fil de l’eau de Chèvres, située sur le Rhône prévue pour développer une puissance maximale de 19’600 cv entre 1893 à 1899. L’usine produit différents types de courant : continu, monophasé et biphasé (47 HZ). L’usine hydraulique de la Coulouvrenière, construite par le brillant ingénieur Théodore Turrentini entre 1883 et 1886 aliment un réseau d’eau ménagère et industrielle (sous pression) :
Dans les années 1890, Lausanne n’a toujours par résolu son problème d’approvisionnement en eau. La nécessité pressante de trouver une solution à ce problème va entraver la décision du développement de l’énergie électrique.
Pourtant une solution municipale d’ensemble aurait pu se réaliser, car un projet satisfaisant existe dès 1892.
Ce dernier est retardé, car il existe d’autres projets qui défendent des intérêts privés.
Citons celui de l’ingénieur Palaz qui propose d’aller chercher la force hydraulique nécessaire soit à l’Orbe, soit à la Grande-Eau, soit dans la Dranse. La Municipalité propose une solution plus modeste proposée par la Société électrique de Vevey-Montreux avec un approvisionnement en eau de source du Pays-d’Henhaut et d’amener l’énergie électrique. A fin 1895, la Municipalité passe une convention avec les deux sociétés privées.

Projet hydraulique sur le Rhône

Un événement extérieur renverse la situation. A. Palaz et un représentant d’Escher Wyss propose la création d’un grand projet hydraulique sur le Rhône produisant nettement plus d’énergie. La Municipalité commence à douter et propose d’ouvrir un concours. Une commission est créée et sept projets sont proposés. Après de longs débats au Conseil municipal, la majorité admet que Lausanne a besoin d’importantes quantités d’énergie et se décide pour le projet Palaz. Lors de la séance du 26 juillet 1898, l’achat de la concession de Saint-Maurice est approuvé. L’originalité du projet lausannois est que l’usine du Bois-Noir est sise en territoire « étranger », en l’occurrence au Valais.
L’énergie produite est conduite jusqu’à Lausanne par une ligne de transport à courant continu où elle est transformée à l’usine de Piere-de-Plan en courant alternatif afin d’être distribué en ville. Le système à courant alternatif polyphasé admis en Suisse au tournant du siècle comme la solution à adopter.  Les installations continu-séries sont démolies en 1925.

En 1870, un cercle d’ingénieurs motivés par l’idée d’introduire l’éclairage électrique installe à Lausanne un éclairage provisoire à la Riponne qui se solde par un échec. Mais le succès de l’exposition internationale sur l’électricité de Paris en 1881 les renforce dans leur conviction.

Fondation Société Vaudoise de l’Electricité

En novembre de la même année, ils fondent la Société Vaudoise de l’Electricité sous la présidence de l’ingénieur Léon Raoux. La nouvelle société s’attache d’obtenir l’autorisation de placer des lignes électriques sur le domaine public. Mais les autorités ne sont pas pressées à répondre, malgré une démonstration d’éclairage par incandescence à l’hôtel de l’Ours.

La SVE met en service en avril 1882 la première usine électrique de Suisse. Une dynamo Siemens de 20 cv, recevant sa force motrice du réseau de distribution d’eau de la Société du Lac de Bret, alimente une vingtaine de lampes SWAN dans une brasserie. L’opération est une réussite et la Municipalité accorde, à titre provisoire, une concession d’éclairage à Léon Raoux. L’attitude de la Municipalité est prudente et se décharge d’une éventuelle action juridique de la Compagnie du gaz. En effet, la Municipalité avait octroyé le monopole de l’éclairage public à la compagnie du gaz jusqu’à la fin 1895 et la population se montrait réticente à l’idée d’installer ce type d’éclairage dans les foyers. L’éclairage au gaz à Lausanne y est installé depuis 1848.

Eclairage de l’hôpital cantonal

Malgré ces réticences, la société pionnière devient la Société Suisse d’Electricité et installe en 1883 une deuxième centrale pour l’éclairage de l’hôpital cantonal avec 230 lampes. L’électricité est produite par deux machines dynamoélectriques Edison, placées dans un petit bâtiment à Couvaloup, et actionnées par deux turbines de 20 chevaux. Un des concepteurs est Jules Cauderay qui est fournisseurs d’appareils électriques
L’implantation du nouveau type de lumière se fit laborieusement à Lausanne. La centrale n’alimenta à ses débuts qu’un groupe restreint d’établissements privés, d’hôtels, de cafés et boutiques à cause du monopole de la compagnie du gaz ; les autres villes de Suisse étaient aussi confrontées aux compagnies gazières.
L’implantation des centrales hydro-électriques en Suisse se fit en premier lieu dans les centres touristiques.

 

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