Major Davel

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Sa Jeunesse – Sa carrière militaire au service de la Hollande , puis en France – Retour en suisse – La triste situation du peuple vaudois l’attriste – Une mission divine – Départ de Cully à la tête de ses troupes – Arrivée à Lausanne – Il expose son projet et lit son manifeste – Le lendemain, arrestation – Le procès, les interrogatoires, la torture – Condamnation à mort – Davel sur l’échafaud.

Il n’est pas dans l’histoire du Pays de Vaud de figure plus sympathique que celle de ce soldat qui, le premier, jeta à la face de Berne un cri d’indépendance ; le mysticisme dont il s’inspire dans ses actes et ses paroles, le courage calme, peut-être un peu fataliste, dont il fait preuve à l’heure des grandes souffrances, toutes ces qualités psychiques, si rares en un seul homme, suscitent autour de Davel une auréole de grandeur morale que le martyre final rend plus lumineuse encore. Et cette figure historique en évoque une autre : il y a dans la vie du major et l’existence quasi-divine de Jeanne la Pucelle des points de contact si évidents que ces deux âmes faites de dévouement et de glorieux sacrifices apparaissent presque équivalentes dans la blancheur de leur humanité.


Jean-Daniel-Abram Davel naquit en 1670 à Morrens/Vaud ; son père, pasteur de ce village. Le jeune Davel suivit les classes du collège latin à Lausanne ; il passa quelque temps à Interlaken et revint à Lausanne où, après avoir achevé son collège, rentra dans l’étude du notaire Vuillamoz et conquit à l’âge de dix-huit ans le grade de notaire baillival. Il s’établit à Cully.
Lors des Vendanges de 1688, une belle inconnue fut accueillie par sa mère et qui lui prédit que Daniel mourrait dans l’espace de trois jours. Effrayée, sa mère communiqua cette nouvelle à son fils. Celui-ci la reçu avec un calme parfait et le soir du troisième jour, le jeune homme se coucha en dirigeant ses pensées vers Dieu, et tomba dans une extase profonde. Il se sentit détaché de la terre et transporté dans le ciel. Ses yeux furent éblouis par une vive clarté et il vit des anges descendre à son chevet. Au matin, aux questions inquiètes que sa mère lui posa, son fils répondit « Hé, ma mère, je suis bien, je vous prie, laissez-moi dans ma tranquillité ». Lors que Mme Davel fit part de ces propos à l’inconnue, « Bien », dit celle-ci, « votre fils ne mourra pas. Dieu le réserve pour de grandes actions ». Cet événement eut une influence capitale sur ces actes. Chaque action accomplie lui paraissant inévitable, dictée par Dieu.

Carrière militaire et civile

C’est en 1689 que Davel débute sa carrière militaire au Piémont et au service du duc de Savoie. Rapidement, il obtint le grade de major. Davel revint en Suisse et il prit part à la guerre de Willmergen. Il négocia la capitulation de la ville de Baden en 1712. La guerre conclue, Davel revint à Cully et le gouvernement bernois le nomma chef d’un des quatre circonscriptions militaires du Pays de Vaud, tout en exerçant la pratique de notariat. L'arestation de Davel au ChâteauMais le souvenir des prédictions mystérieuses de la belle inconnue demeurait en son cœur très vivace. Il réfléchissait beaucoup sur les hommes et les choses ; il ne pouvait vivre dans le peuple sans constater les injustices sociales et celui-ci, habitué au joug depuis des siècles, ne s’apercevait guère, ne s’indignait plus.
Le despotisme bernois était lourd et s’il paraissait encore supportable aux campagnards, que l’apathie naturelle engourdissait, les hommes instruits sentaient douloureusement sur leurs épaules le poids d’une aristocratie toute puissante. Voici comment Davel lui-même sur l’échafaud décrit la situation dans laquelle la domination bernoise avait placé le paysan.
La misère du pays, causée par les procès, a réduit les paysans à une grande indigence. Ils ont été obligés de s’endetter, et leurs créanciers, sans aucune compassion, leur ôtent jusqu’aux choses les plus nécessaires à la vie. Après la moisson, ils se voient dépouillés du fruit de leur travail. On se saisit de leurs fourrages. Ils n’ont pas un moment de joie ni de repos. Ces pauvres misérables n’ont que le baptême pour marquer leur christianisme ; on les traite en tout autre chose comme des bêtes et des animaux sans raison.
L’affaire du Consensus, n’était pas non plus faite pour calmer les esprits mécontents : d’autre part, le brigandage s’accomplissait avec une impertinente sécurité dans tout le pays. Les routes n’étaient pas sûres ; des villages entiers passaient pour être des repaires de voleurs et de coupe-gorges. Des bandes entières, bien organisées, parcouraient le pays, semant la terreur autour d’elles. Les gens d‘église eux-mêmes ne valaient guère mieux que la grande majorité des habitants. Les grosses sommes encaissées comme impôts par Berne n’étaient aucunement employées au bien-être du pays.
Enfin l’instruction publique absolument nulle, laissait croupir le peuple dans une ignorance dangereuse. L’Académie, jadis florissante s’affaissait lamentablement et les villes, autrefois jouissant de liberté relative, voyaient leur privilèges confisqué par LL.EE. En un mot le Pays de Vaud semblait à l’agonie.

Le spectacle d’une si lamentable dégénérescence, aggravée encore sans doute par l’imagination ardente et la compassion quasi-évangélique de devait, devait produire un effet tout puissant. Il se rappela « que Dieu le désignait pour être l’instrument d’une action particulièrement belle », il conclut alors que cette mission divine consistant dans l’affranchissement de son pays. Il connaissait le sort que Berne réserve aux vaincus et, pour ne pas entraîner à sa suite des collaborateurs inconscients, il conspira seul, convoquera les milices mises sous ses ordres et marchera sur Lausanne sans leur dévoiler le secret.
Le but du Major était, en profitant des fêtes de Pâques, moment où les baillis se rendaient à Berne, de se rendre au Conseil, de lui déclarer son intention, ses désirs, peut-être même ses projets de réforme.
Si le Conseil entrait dans ses vues, le pays serait aisément soulevé et l’indépendance vaudoise un fait accompli. Le 31 mars 1723, il entre dans Lausanne accompagné de 500 à 600 militaires en répétition, au moment où les baillis bernois sont absents. Là, il rassemble le conseil municipal, et lui présente un manifeste, où une quantité de défauts et abus sont reprochés au gouvernement de Berne. Il rend alors public son plan visant à l’autonomie du pays de Vaud.
Le Conseil municipal feint l’intérêt face à ces doléances, mais fait dans le même temps un rapport secret immédiat à Berne sur l’incident : Davel est arrêté le 1er avril. Celui-ci maintiendra même sous la torture que son entreprise lui a été suggérée directement par Dieu et qu’il n’a pas de complice.

Condamnation et exécution

Il est condamné à mort par le tribunal (lausannois) des bourgeois et citoyens. Le 23 avril, on annonça au condamné que l’exécution était fixée au lendemain et il déclara « Voilà, dit-il, une mort bien douce ; j’ai sujet d’en remercier Dieu ». Le lendemain, l’acte d’accusation a été lu au château et le cortège se mit en marche dans la direction de Vidy où l’échafaud était dressé. Davel gravit l’escalier de l’échafaud et il déclara « C’est ici le plus beau jour de ma vie ! ». M. le pasteur de Saussure prononça un discours qui peut être considéré comme un brillant éloge de Davel et qui coûta au courageux ecclésiastique son poste de pasteur. Le Major se dévêtit et alla gaiement se placer sur le siège qui l’attendait. On lui couvrit les yeux et l’exécuteur lui enleva en un clin d’œil la tête au-dessus des épaules. Le 24 avril 1723. Une stèle du souvenir est visible à Vidy.

Exécution – par Gleyre 184
Stèle à Vidy/Lausanne
Stèle à Vidy/Lausanne (source – L’Hebdo)
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